L'apothicairerie d'Héloïse
Diversité est le mot qui caractérise le mieux l’apothicairerie durant
la Renaissance. Diversité tout d’abord des produits utilisés qui proviennent des trois règnes de la nature. Du règne végétal, on tire les nombreuses simples (autrement dit les drogues végétales) qui composent l’essentiel de l’arsenal thérapeutique. Toutes les parties des plantes peuvent être utilisées : fleurs, fruit, écorce, racine… On les broie pour les incorporer dans des médicaments solides ou pâteux, ou bien on en fait des tisanes après infusion, macération, décoction… La découverte des Amériques permet l’introduction, dans la Pharmacopée, de nouvelles plantes particulièrement efficaces : le quinquina pour lutter contre les fièvres, l’ipécacuanha aux propriétés vomitives… Le règne animal fournit lui aussi de nombreuses drogues, parfois tirées d’animaux étranges ou mythiques (la licorne est à l’honneur !). On utilise la bête entière (limaçon, mouche), ou de simples parties (cornes, os), ainsi que les sécrétions (bile, urine), les graisses ou les excréments. Le règne minéral, quant à lui, est le parent pauvre. Mais on a recours à certains sels naturels (alun, borax) ainsi qu’à des minerais (fer, arsenic, mercure, plomb). La Renaissance se distingue également par l’utilisation très prisée des pierres précieuses (lapis lazuli, améthyste, saphir émeraude, rubis) qui sont souvent réduites en poudre et absorbées dans du vin.
Mais la diversité s’étend également aux activités de l’apothicaire. Celui-ci ne se contente pas de préparer et vendre des remèdes. Dans sa boutique, selon les régions de France, il fait aussi commerce de sucreries (dragées, confitures), de papier de qualité pour les lettrés, d’articles de cire (bougies, cierges, ex-voto), de tissu et de drap. Les corporations d’apothicaires se voient en outre attribuer nombre de privilèges. C’est ainsi qu’à Paris, les apothicaires obtiennent la charge de contrôleurs des balances et des poids pour l’ensemble des autres commerces.