Alchimie et vitrail
L'alchimie et l'art du vitrail présentent des liens étroits bien que méconnus. Tous deux visent ainsi à atteindre la perfection à travers la pureté. Mais c'est surtout par les moyens employés que les deux pratiques entretiennent de mystérieux rapports. L'alchimie se transmettait sous forme de secrets, de maître à disciple, et il en fut ainsi également pour la fabrication des vitraux. À partir du XIIIème siècle, quand le vitrail devint en Occident l'art dominant, le recours à la couleur conduisit au déclin de la verrière en grisaille. Pour obtenir des teintes de plus en plus variées - vert émeraude, rouge carmin, rouge vermillon, jaune d'argent, violet, sanguine - les maîtres verriers eurent recours à ces mêmes oxydes métalliques que les alchimistes introduisaient au fond de leur creuset : manganèse, cobalt, cuivre, antimoine, argent... Quand on sait que la Renaissance, en imposant les fresques dans les édifices religieux, marqua le début du déclin du vitrail en tant qu'art majeur, avouez qu'il était tentant d'imaginer des verriers désespérés faisant appel aux sciences occultes pour transformer une verrière en un terrible piège mortel ! La suite à découvrir le 1er février dans mon nouveau roman : "Le piège de verre".